Vous êtes en train de refaire votre tableau électrique et vous vous demandez combien de disjoncteurs vous pouvez brancher sur un interrupteur différentiel ? Vous cherchez la bonne méthode pour calculer le calibre de votre différentiel ?
C’est vrai que ça peut sembler compliqué au premier abord. Entre la norme NF C 15-100, les règles de l’amont et de l’aval, et tous ces calculs d’intensités, on peut vite s’y perdre.
Mais rassurez-vous ! Une fois que vous connaissez les bonnes règles, c’est finalement assez logique. Vous allez découvrir comment dimensionner correctement vos interrupteurs différentiels et répartir vos circuits en toute sécurité.
On va voir ensemble toutes les étapes du calcul, avec des exemples concrets pour que ça devienne un jeu d’enfant !
Qu’est-ce qu’un interrupteur différentiel et pourquoi c’est obligatoire
L’interrupteur différentiel est un dispositif de sécurité essentiel dans votre installation électrique. Il protège les personnes contre les risques d’électrocution en détectant les fuites de courant vers la terre.
Son fonctionnement est assez simple : il compare en permanence l’intensité qui entre avec celle qui sort. Si la différence dépasse son seuil de sensibilité (généralement 30 mA), il coupe automatiquement le courant. Cette réaction ultra-rapide vous protège contre les contacts directs ou indirects avec des éléments sous tension.
Contrairement au disjoncteur qui protège l’installation contre les surcharges et les courts-circuits, l’interrupteur différentiel se concentre uniquement sur la protection des personnes. C’est pourquoi il est obligatoire dans toutes les installations domestiques depuis plusieurs décennies.
Vous retrouvez les interrupteurs différentiels sous plusieurs formes : bipolaires (monophasés) ou tétrapolaires (triphasés), avec différents calibres exprimés en ampères (25 A, 40 A, 63 A…). Leur sensibilité est généralement de 30 mA pour la protection des personnes, mais il existe aussi des modèles à 300 mA pour certaines applications spécifiques.
Dans votre tableau électrique, chaque interrupteur différentiel protège un groupe de circuits électriques via les disjoncteurs divisionnaires qui sont raccordés en aval. D’où l’importance de bien calculer combien de disjoncteurs vous pouvez y connecter !
Norme NF C 15-100 : les règles obligatoires pour votre installation
La norme NF C 15-100 fixe les règles de sécurité pour toutes les installations électriques domestiques en France. Elle impose des exigences précises concernant les interrupteurs différentiels.
Première obligation : votre logement doit comporter au minimum deux interrupteurs différentiels de 30 mA. Cette règle garantit la continuité de service : si l’un des différentiels se déclenche, vous gardez au moins une partie de votre installation alimentée.
Deuxième point crucial : vous ne pouvez pas brancher plus de 8 disjoncteurs divisionnaires sur un même interrupteur différentiel. Cette limite de 8 circuits maximum vise à éviter les déclenchements intempestifs et à faciliter la maintenance de votre installation.
La norme impose aussi d’avoir au moins un différentiel de type A dans votre installation. Ce type spécial détecte les courants de défaut à composante continue, indispensables pour protéger certains équipements modernes comme les plaques de cuisson, les lave-linge ou les bornes de recharge pour véhicules électriques.
| Type de différentiel | Utilisation |
|---|---|
| Type AC | Circuits classiques (éclairage, prises) |
| Type A | Électroménager, plaques, borne VE |
| Type F | Informatique, congélateurs |
En respectant ces règles de base, vous posez les fondations d’une installation électrique sûre et conforme. Mais il faut maintenant déterminer le bon calibre pour chaque interrupteur différentiel, et c’est là que les calculs deviennent importants.
Règle de l’amont : dimensionner selon votre abonnement
La règle de l’amont constitue la première étape du calcul. Elle vous impose de choisir un interrupteur différentiel dont le calibre est supérieur ou égal à celui de votre disjoncteur d’abonné (ou disjoncteur de branchement).
Cette règle logique évite qu’un interrupteur différentiel de calibre trop faible ne limite votre installation électrique. Si votre disjoncteur d’abonné fait 45 A, vos différentiels doivent faire au minimum 45 A. En pratique, vous choisirez donc des modèles de 63 A (calibre commercial supérieur le plus proche).
Voici les correspondances usuelles :
- Disjoncteur d’abonné 15 A → Différentiel minimum 25 A
- Disjoncteur d’abonné 30 A → Différentiel minimum 40 A
- Disjoncteur d’abonné 45 A → Différentiel minimum 63 A
- Disjoncteur d’abonné 60 A → Différentiel minimum 63 A
Cette règle s’applique de façon systématique, quel que soit le nombre de circuits que vous comptez brancher sur chaque différentiel. Elle garantit la coordination entre votre protection d’abonné et vos protections différentielles.
Attention toutefois : respecter la règle de l’amont ne suffit pas ! Il faut aussi vérifier la règle de l’aval pour s’assurer que votre différentiel peut effectivement supporter la charge de tous les circuits qui y seront raccordés.
Règle de l’aval : la méthode de calcul des intensités
La règle de l’aval constitue le cœur du calcul. Elle permet de déterminer si votre interrupteur différentiel peut supporter la somme des intensités de tous les disjoncteurs divisionnaires qui y sont raccordés.
Le principe : vous devez additionner les calibres de tous vos disjoncteurs, mais en appliquant des coefficients différents selon le type de circuit. Cette méthode tient compte du fait que tous vos appareils ne fonctionnent pas simultanément à pleine charge.
Circuits à compter à 100 % :
- Chauffage électrique (radiateurs, plancher chauffant)
- Chauffe-eau électrique
- Borne de recharge pour véhicule électrique
- Climatisation
Circuits à compter à 50 % :
- Prises de courant
- Éclairage
- Volets roulants
- VMC
La formule de calcul devient donc : Somme des intensités = (Circuits chauffage × 1) + (Autres circuits × 0,5)
Une fois cette somme calculée, vous choisissez le calibre commercial d’interrupteur différentiel immédiatement supérieur. Si votre calcul donne 48 A par exemple, vous opterez pour un modèle de 63 A.
Cette méthode respecte les réalités d’usage : votre chauffage peut fonctionner à pleine puissance pendant des heures, tandis que vos prises et éclairages n’atteignent que rarement leur charge maximale simultanément.
Calculs pratiques avec des exemples concrets
Rien ne vaut des exemples chiffrés pour bien comprendre comment appliquer la règle de l’aval. Voici plusieurs cas pratiques qui vous donneront le réflexe du bon calcul.
Exemple 1 : Configuration mixte classique
Votre différentiel doit alimenter :
- 1 circuit chauffage électrique : 20 A (× 1 = 20 A)
- 2 circuits prises : 20 A chacun (× 0,5 = 10 A chacun)
- 1 circuit éclairage : 16 A (× 0,5 = 8 A)
Calcul : 20 + 10 + 10 + 8 = 48 A → Choisir un différentiel de 63 A
Exemple 2 : Circuits de chauffage important
Configuration avec chauffage électrique conséquent :
- 2 circuits radiateurs : 20 A chacun (× 1 = 40 A)
- 1 circuit chauffe-eau : 20 A (× 1 = 20 A)
- 1 circuit prises : 16 A (× 0,5 = 8 A)
Calcul : 20 + 20 + 20 + 8 = 68 A → Impossible sur un seul différentiel 63 A !
Dans ce cas, vous devez répartir les circuits sur deux interrupteurs différentiels ou choisir un calibre supérieur si disponible.
Exemple 3 : Installation avec borne de recharge
- 1 borne voiture électrique : 32 A (× 1 = 32 A)
- 1 circuit prises garage : 20 A (× 0,5 = 10 A)
- 1 circuit éclairage : 10 A (× 0,5 = 5 A)
Calcul : 32 + 10 + 5 = 47 A → Différentiel de 63 A adapté
Ces exemples montrent l’importance de bien identifier la nature de chaque circuit avant de faire vos calculs. Une erreur de classification peut conduire à un sous-dimensionnement dangereux.
Choix des calibres et lecture des caractéristiques
Les interrupteurs différentiels sont disponibles en plusieurs calibres standard : 25 A, 40 A, 63 A et parfois 80 A pour les installations importantes. Le choix du bon calibre résulte de vos calculs selon les règles de l’amont et de l’aval.
Sur votre interrupteur différentiel, vous trouverez plusieurs indications importantes :
- Le calibre en ampères (25, 40, 63…) : intensité maximale que peut supporter l’appareil
- La sensibilité (30 mA généralement) : seuil de déclenchement pour la protection des personnes
- Le type (AC, A, F) : nature des courants de défaut détectés
- Le nombre de pôles : 2P pour le monophasé, 4P pour le triphasé
Pour la plupart des logements en monophasé avec abonnement 45 A (9 kVA), des différentiels de 63 A type AC et type A conviennent parfaitement. Vous pouvez prévoir 2 différentiels de 63 A minimum, en répartissant judicieusement vos circuits selon leur nature.
N’oubliez pas que le calibre choisi doit respecter à la fois la règle de l’amont (≥ disjoncteur d’abonné) et la règle de l’aval (≥ somme pondérée des disjoncteurs divisionnaires). C’est la plus contraignante des deux qui détermine votre choix final.
En cas de doute entre deux calibres, optez toujours pour le supérieur. Un interrupteur différentiel légèrement sur-dimensionné ne pose aucun problème, contrairement à un modèle sous-dimensionné qui risque de déclencher de façon intempestive.
Cas particuliers en triphasé et limites pratiques
Les installations triphasées nécessitent des précautions supplémentaires dans le calcul du nombre de disjoncteurs par différentiel. La répartition des charges entre les trois phases complique l’analyse et peut révéler des déséquilibres importants.
Prenons un exemple concret qui illustre les limites : 7 disjoncteurs tétrapolaires de 32 A chacun sur un différentiel triphasé de 63 A. Le calcul brut donne 7 × 32 = 224 A, soit bien plus que les 63 A du différentiel ! Même en appliquant un facteur de simultanéité de 1,5 (224 / 1,5 = 149 A), c’est encore largement supérieur à 63 A.
Cette situation montre qu’il faut absolument répartir les circuits sur plusieurs interrupteurs différentiels ou augmenter le calibre du différentiel principal. En triphasé, la limitation à 8 circuits par différentiel devient encore plus contraignante.
Autres situations nécessitant une attention particulière :
- Pompes à chaleur : leur courant de démarrage peut être élevé
- Moteurs triphasés : nécessitent souvent des protections spécifiques
- Circuits informatiques : peuvent nécessiter des différentiels de type F
- Éclairage LED : peut générer des courants de fuite cumulés
Face à ces configurations complexes, n’hésitez pas à prévoir des marges de sécurité supplémentaires et à consulter un électricien qualifié. Il pourra analyser finement votre installation et optimiser la répartition des circuits.
Répartition optimale et conseils pratiques
Une bonne répartition des circuits sur vos interrupteurs différentiels améliore la sécurité et le confort d’utilisation de votre installation électrique. L’objectif : équilibrer les charges tout en respectant les contraintes normatives.
Stratégie de répartition recommandée :
Différentiel 1 (Type A – 63 A) :
- Plaques de cuisson (32 A)
- Lave-linge (20 A)
- Prises cuisine (20 A)
- Éclairage cuisine (16 A)
Total : 32 + 20 + 10 + 8 = 70 A → Limite dépassée, à réajuster !
Après réajustement optimal :
Différentiel 1 (Type A – 63 A) : plaques (32 A) + lave-linge (20 A) + éclairage (8 A) = 60 A ✓
Différentiel 2 (Type AC – 63 A) : chauffage (40 A) + prises séjour (10 A) + VMC (1 A) = 51 A ✓
Cette répartition respecte la limite de 8 circuits par différentiel et équilibre les charges. En cas de déclenchement d’un différentiel, vous conservez des fonctions essentielles sur l’autre.
Points d’attention pour l’installation :
- Vérifier l’espace disponible dans votre tableau électrique
- Prévoir des peignes d’alimentation adaptés
- Étiqueter clairement chaque circuit
- Tester le fonctionnement après installation
N’oubliez pas que ces calculs déterminent le dimensionnement minimal. En cas de doute ou pour une installation complexe, faire appel à un électricien qualifié reste la meilleure solution pour garantir la sécurité et la conformité de votre installation électrique.
Questions fréquentes sur le calcul des disjoncteurs
Combien de disjoncteur sur un différentiel 30mA ?
La sensibilité de 30 mA ne change rien au calcul du nombre de disjoncteurs. C’est le calibre en ampères (25, 40, 63 A…) qui détermine combien de circuits vous pouvez raccorder. Vous restez limité à 8 disjoncteurs maximum par différentiel selon la norme NF C 15-100, quel que soit le modèle.
Combien de disjoncteur sur un différentiel 40A ?
Sur un différentiel de 40 A, vous pouvez brancher jusqu’à 8 disjoncteurs à condition que la somme pondérée des calibres ne dépasse pas 40 A. Par exemple : 1 chauffage 20 A + 2 prises 16 A + 1 éclairage 10 A = 20 + 8 + 8 + 5 = 41 A. C’est trop ! Il faut réduire ou choisir un calibre supérieur.
Nombre de disjoncteur sur interrupteur différentiel 63A triphasé ?
En triphasé, la limite reste de 8 disjoncteurs maximum par différentiel. Mais attention aux calculs ! Si vous avez des disjoncteurs tétrapolaires de forte intensité (32 A), vous atteignez rapidement la limite de 63 A. Il faut souvent répartir sur plusieurs différentiels triphasés.
Comment calculer la somme des disjoncteurs ?
Appliquez les coefficients selon le type de circuit : ×1 pour le chauffage, chauffe-eau et bornes VE ; ×0,5 pour les prises, éclairage et VMC. Additionnez le tout et choisissez le calibre commercial supérieur. Cette méthode respecte les taux d’utilisation réels des circuits.
Peut-on dépasser 8 disjoncteurs sur un différentiel ?
Non, jamais ! La norme NF C 15-100 interdit formellement de dépasser 8 circuits par interrupteur différentiel. Cette limite vise à éviter les déclenchements intempestifs et faciliter la maintenance. Si vous avez plus de circuits, installez un différentiel supplémentaire.
Interrupteur différentiel 40 ou 63A : lequel choisir ?
Cela dépend de votre disjoncteur d’abonné et de vos circuits. Pour un abonnement 45 A (9 kVA), choisissez du 63 A minimum. Le 40 A convient seulement pour les petites installations avec abonnement 30 A maximum. En cas de doute, optez pour le 63 A qui offre plus de souplesse.
Comment répartir les circuits sur plusieurs différentiels ?
Équilibrez les charges en mélangeant circuits à fort appel (chauffage) et circuits légers (éclairage). Respectez l’obligation d’avoir au moins un différentiel type A pour les gros électroménagers. Évitez de mettre tous les circuits essentiels sur le même différentiel pour maintenir un service minimal en cas de déclenchement.
